Intervention de la Secrétaire Générale au Forum des Pays d’Amérique Latine et des Caraïbes sur le Développement Durable
Honorables ministres, distinguées délégations,
Je commence par adresser un salut particulier à Son Excellence Elmer Schialer, Ministre des Affaires étrangères du Pérou, pays qui préside ce forum, ainsi qu’une reconnaissance à la CEPAL pour son leadership dans l’organisation de cet espace.
C’est un honneur de m’adresser à vous à l’occasion de cette huitième réunion du Forum des pays d’Amérique latine et des Caraïbes sur le développement durable.
Nous sommes à un moment crucial et critique de l’histoire de l’humanité.
Il y a quelques jours, le Secrétaire exécutif de la CEPAL a déclaré, avec toute la pertinence requise, que cette édition du Forum est particulièrement importante car le monde a changé, car nous vivons un moment géopolitique sismique, où les tendances économiques et les alliances traditionnelles évoluent à une vitesse vertigineuse, avec des conséquences directes sur le système multilatéral, desquelles les Nations Unies elles-mêmes ne sont pas exemptes.
Et je ne peux qu’être pleinement d’accord. Malheureusement, la mise en œuvre des engagements en faveur de l’égalité n’avance pas au même rythme que les changements que nous vivons. Au contraire, nous faisons face à des défis persistants et, dans certains cas, même à des reculs, ce qui, dans ces conditions, ne fait qu’annoncer un approfondissement des inégalités.
Outre les changements géopolitiques, nous sommes confrontés à des crises environnementales, à des menaces pour la paix et à de profondes inégalités économiques et sociales qui continuent de limiter le bien-être de millions de personnes, avec un impact disproportionné sur les femmes. Ces crises sont aggravées par trois pièges structurels du développement : la faible capacité de croissance, la forte inégalité avec une mobilité sociale réduite, et les capacités institutionnelles limitées.
Dans ce contexte incontournable, nous commémorons les 30 ans de la Conférence de Beijing, qui a marqué un jalon fondamental dans la lutte pour les droits des femmes et qui, aujourd’hui, nous appelle non seulement à évaluer les avancées, mais aussi à assumer de toute urgence la mise en œuvre d’engagements qu’on ne peut plus repousser.
Depuis l’Association des États de la Caraïbe (AEC), nous réaffirmons notre engagement à avancer urgemment vers le développement durable pour le Grand Caraïbe.
La Grande Caraïbe est une magnifique région, mais qui souffre de barrières structurelles aggravées par un niveau d’endettement élevé, ce qui restreint la capacité des États à investir dans des politiques d’égalité et dans des programmes favorisant l’autonomie économique des femmes. À cela s’ajoute une institutionnalité faible en matière d’égalité de genre.
Ces limitations approfondissent les inégalités, qui se manifestent à travers des défis clés pour la région caraïbe. Permettez-moi d’en souligner trois:
L’impact de la crise climatique sur la vie des femmes: le Grand Caraïbe est hautement vulnérable aux catastrophes naturelles provoquées par le changement climatique, ce qui affecte de manière disproportionnée les femmes et les filles. Il est urgent de renforcer l’intégration de la perspective de genre dans les stratégies d’adaptation et d’atténuation. Les mesures adoptées doivent transformer les inégalités et empêcher que les crises climatiques ne précarisent davantage les femmes.
Les inégalités économiques et la charge disproportionnée du travail de soin : malgré une augmentation de la participation des femmes sur le marché du travail, les écarts salariaux persistent, l’accès au financement reste limité, une forte concentration de femmes occupe des emplois informels, et la surcharge liée au travail non rémunéré de soins reste élevée. Dépasser la division sexuelle du travail et avancer vers une organisation sociale juste des soins est impératif.
L’éradication des violences et l’accès à la justice: la violence à l’égard des femmes et des filles reste une pandémie qu’il faut rendre visible dans la sphère publique. Sa banalisation, le manque d’accès à la justice et l’impunité limitent l’efficacité des cadres juridiques. Il est crucial de renforcer les systèmes d’assistance avec des ressources suffisantes pour l’éradiquer.
Ce ne sont là que trois défis illustrant une réalité plus large, mais qui représentent un frein significatif à l’avancement des droits des femmes et, par conséquent, un obstacle au développement de nos peuples.
Et il ne suffit pas de les reconnaître. La réponse doit être structurelle, immédiate et durable.
En tenant compte des Objectifs qui seront examinés lors du prochain Forum politique de haut niveau, depuis l’AEC, nous proposons :
ODD 3, Santé et bien-être : renforcer les systèmes de santé des Caraïbes pour parvenir à une couverture universelle et être en mesure de répondre aux catastrophes naturelles et aux crises sanitaires.
ODD 5, Égalité de genre : transformer les rôles et stéréotypes de genre qui perpétuent les inégalités, afin d’éradiquer les violences faites aux femmes et de garantir leur participation paritaire à tous les niveaux de pouvoir. Sans cette transformation profonde, les avancées vers l’égalité substantielle resteront une simple aspiration.
ODD 8, Travail décent et croissance économique : promouvoir des stratégies économiques favorisant l’autonomie des femmes, leur accès à des emplois décents et la réduction des écarts salariaux. Cela implique de garantir leur insertion dans les secteurs stratégiques et de reconnaître le travail de soin comme un véritable travail. Nous ne cesserons de le répéter : il est urgent de le valoriser, de le rémunérer et de le garantir dans des conditions dignes, avec accès aux droits du travail et à la sécurité sociale.
ODD 14, Vie aquatique : garantir la protection des écosystèmes marins et côtiers des Caraïbes est essentiel pour la durabilité et le bien-être des communautés qui en dépendent. Il est urgent de renforcer la résilience climatique avec une approche de genre, de promouvoir la participation des femmes dans la gouvernance environnementale, et d’assurer la protection des défenseuses de l’environnement face aux menaces croissantes.
ODD 17, Partenariats pour la réalisation des objectifs : renforcer l’intégration régionale et la coopération entre les pays du Grand Caraïbe. Il est fondamental de miser sur des mécanismes comme la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, les alliances entre acteurs internationaux, et l’augmentation du financement pour le développement.
Honorables déléguées et délégués,
Trente ans après Beijing, nous ne pouvons pas nous permettre de reculer ni de progresser à petits pas. L’égalité substantielle reste une dette à honorer et une condition indispensable au développement durable de notre région.
Les femmes de la Grande Caraïbe savent ce que signifie résister, reconstruire et se réinventer. Il est temps qu’elles puissent vivre dans des conditions d’égalité, et non dans la résistance. Il est temps qu’il soit clair que lorsque les femmes avancent, ce sont nos communautés, nos économies et nos démocraties qui avancent. Il ne suffit pas de reconnaître leur rôle, nous devons garantir leur bien-être et leur autonomie.
Ce forum nous appelle non seulement à réfléchir, mais à agir. L’Amérique latine et les Caraïbes doivent arriver au HLPF avec une seule voix: la voix de celles et ceux qui croient en la transformation et qui œuvrent chaque jour pour un monde plus juste, avec de meilleures conditions pour l’égalité et le bien-être. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons véritablement parler de développement durable.
Je vous remercie.
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