L’IMPORTANCE DE LA COOPÉRATION SUD-SUD: RENFORCEMENT DE LA CAPACITE COMMERCIALE DES MICRO-ENTREPRISES ET PME DANS LA GRANDE CARAIBE
Ces dernières années nous avons été témoins du visage changeant de l’aide au développement et des donateurs d’aide. Traditionnellement, l’aide et le soutien au développement provenait de sources de pays développés, comme les pays européens ou de l’Amérique du Nord. Au cours des années récentes, il y a eu un cadre plus large de la Coopération avec le développement et on remarque des pays en développement qui prennent une place plus importante dans la ligne des donateurs. L’appellation qu’a reçu ce changement de tendance en matière d’aide est celui de “ Coopération Sud-Sud (CSS).”
La Coopération Sud-Sud et “un cadre plus large de collaboration entre pays du Sud, dans les domaines politique, économique, social, culturel, environnemental et technique. Il implique deux ou plusieurs pays en développement, et peut avoir lieu sur une base bilatérale, régionale, sous-régionale ou interrégionale. Les pays en développement partagent des connaissances, des compétences, de l’expertise et des ressources pour atteindre les buts du développement moyennant des efforts concertés. Les développements récents dans le domaine de la coopération Sud-Sud indiquent un volume croissant des échanges commerciaux Sud-Sud, des flux d’investissement étranger direct Sud-Sud, des mouvements orientés vers l’intégration régionale, des transferts de technologie, le partage de solutions et d’experts et d’autres formes d’échange.” (Bureau des Nations Unies pour la Coopération Sud-Sud, 2015)
La Coopération Sud-Sud est gérée par les pays en développement eux-mêmes, avec une participation active dans le processus des gouvernements, des acteurs du secteur public et privé, l’académie, les institutions, les organisations non gouvernementales (ONG), entre autres. Le Bureau des Nations Unies pour la Coopération Sud-Sud a remarqué que la CSS comprend “des méthodes différentes et qui évoluent, y compris le partage du savoir et des expériences, la formation, le transfert de technologie, la coopération financière et monétaire et des contributions en nature. La coopération Sud-Sud peut inclure différent secteurs et être de nature bilatérale, multilatérale, sous-régionale et interrégionale.”
Donc, pourquoi est-ce-que les pays du “Sud” ont choisi de se tourner les uns vers les autres pour faire avancer leur croissance économique et leur développement? Quels avantages peuvent découler de la mise en commun de ressources et de compétences? Qu’est-ce-que les pays espèrent réaliser en resserrant les liens entre pays voisins en développement? Les buts de la CSS pour les pays en développement, tels qu’ils sont énoncés par les Nations Unies, mettent l’accent sur les aspects suivants:
- Promotion de l’autonomie des pays en développement en renforçant leur capacité créatrice pour trouver des solutions à leurs problèmes de développement, en tenant compte de leurs aspirations, leurs valeurs et leurs besoins particuliers;
- Promotion et renforcement de l’autonomie collective entre pays en développement, moyennant l’échange d’expériences; la mise en commun, le partage et l’utilisation de ressources techniques et autres; et le renforcement de capacités complémentaires;
- Renforcement de la capacité des pays en développement de déterminer et d’analyser ensemble leurs questions principales liées au développement et de formuler les stratégies nécessaires pour les aborder;
- Augmenter la quantité et améliorer la qualité de la coopération internationale au développement par la mise en commun de capacités, afin d’améliorer l’efficacité des ressources consacrées à ce genre de coopération;
- Création de capacités technologiques et renforcement des capacités existantes dans les pays en développement, afin d’améliorer l’efficacité d’application de ces capacités, et accroître la capacité des pays en développement d’apréhender et d’adapter la technologie et les compétences, de manière à les ajuster à leurs besoins spécifiques de développement;
- Augmenter et améliorer les communications entre les pays en développement pour leur permettre de mieux prendre conscience des problèmes communs et d’avoir un plus large accès aux connaissances et expériences disponibles, ainsi qu’à la création nouvelles connaissances pour résoudre les problèmes de développement;
- Reconnaître et répondre aux problèmes et nécessités des pays moins développés, des pays en développement sans littoral, des petits Etats insulaires en développement et des pays plus sérieusement frappés par les catastrophes naturelles ou d’autres genres de crises, par exemple ; et
- Permettre aux pays en développement une plus grande participation aux activités économiques internationales et élargir la coopération internationale pour le développement.
Lorsque tous ces objectifs sont abordés et entrepris dans le climat le plus favorable, ils engendrent d’autres avantages comme le renforcement de la capacité de se faire entendre et du pouvoir de négociation des pays en développement dans le cadre des négociations multilatérales; l’ouverture de canaux additionnels de communication entre les pays en développement; la promotion et le renforcement de l’intégration économique entre pays en développement sur une base géographique aussi large que possible; augmentation des connaissances et de la confiance dans les capacités disponibles dans les pays en développement ; ainsi que la coordination de politiques sur des questions de développement, pertinentes pour plusieurs pays en développement.
Lorsque l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC) a été créée, le 24 juillet 1994, le terme Coopération Sud-Sud ne faisait pas partie de la nomenclature définissant les intentions et les objectifs de l’Organisation. L’AEC était perçue comme une organisation d’intégration de deuxième génération, moderne, ouverte vers l’extérieur, pouvant jeter un pont entre les pays anglophones des Caraïbes et leurs voisins d’expression espagnole, française et néerlandaise, en créant ce qui est maintenant connu comme la Grande Caraïbe. Une histoire forgée par les flots de la Mer des Caraïbes et les marées, qui en vertu de l’origine devraient nous porter aux rives du développement durable.
Toutefois, tel que l’énonce la Convention créant l’AEC, son but primordial est d’être une organisation pour “la consultation, la coopération et l’action concertée” entre ses pays membres. Ce cadre pourvoit un forum pour le dialogue politique, qui permet aux Membres de déterminer les domaines communs d’intérêt et d’inquiétude pouvant être abordés sur le plan régional, et les solutions pouvant découler de la coopération. Essentiellement, l’AEC est un exemple parfait de Coopération Sud-Sud exprimé au sein d’une organisation. Dès sa création et jusqu’à présent, l’Association continue d’impulser la coopération et les partenariats entre pays en développement pour l’obtention d’avantages globaux pour tous les états membres.
Les programmes et les projets courants des domaines de travail prioritaires de l’AEC sont parfaitement ajustés au patron de la coopération Sud-Sud. Le Gouvernement du Mexique parraine actuellement quatre projets principaux dans les domaines du Commerce, le Transport et la Réduction des risques de catastrophe. Ces activités témoignent des objectifs de la CSS et profitent aux Etats membres, en raison du support et des ressources qu’apportent ces pays en développement partenaires, à la réalisation de projets pour le bien-être de la région.
Le membre le plus récent de l’équipe AEC CSS est le Gouvernement de la Colombie. Dans le cadre du processus d’aborder les problèmes des micro-entreprises et PME dans la région, l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC) a travaillé conjointement avec le Ministère du Commerce, de l’industrie et du tourisme de la République de la Colombie pour réaliser l’“Atelier pour le développement et renforcement de micro-entreprises et PME (Micro, petites et moyennes entreprises) dans la région de la Caraïbe” du 11 au 13 novembre 2015 à Bogota, Colombie, auquel ont participé dix-neuf (19) Pays membres de l’AEC.
Cet atelier était orienté à mettre en lumière le contexte colombien – leurs expériences, leurs politiques de support des micro-entreprises et PME, et l’entrepreneuriat, ainsi que le travail en cours pour la création et renforcement du secteur des micro-entreprises et PME dans la Colombie. A travers le partage de connaissances et d’expériences, l’atelier a cherché à transmettre aux praticiens régionaux de micro-entreprises et PME, les meilleures pratiques et politiques pour la création d’entreprises et l’entrepreneuriat du secteur des micro-entreprises et PME.
Pendant trois (3) jours de séances intensives, il y a eu des présentations d’experts des principales institutions d’appui aux micro-entreprises et PME et l’entrepreneuriat en Colombie. L’atelier comprenait aussi la participation d’institutions publiques et d’Etats membres de la Grande Caraïbe, qui ont offert un large éventail d’instruments aussi bien financiers que techniques, pour la création et la croissance des micro-entreprises et PME.
A l’issue des sessions des groupes de travail, les participants ont pu définir les domaines/sujets qui suscitaient les plus importantes inquiétudes, ainsi que formuler des activités et des mécanismes possibles pour pouvoir traiter efficacement les inquiétudes définies par des programmes ou projets mis en œuvre dans les pays membres de l’AEC.
Le Ministère du Commerce, de l’industrie et du tourisme de la République de la Colombie, conjointement avec l’Agence présidentielle pour la coopération internationale (APC) et la Direction du Développement du commerce et des relations économiques extérieures vont entreprendre le développement complet des propositions présentées à l’atelier dans les trois documents principaux du projet.
De ce fait, trois (3) projets axés sur L’assistance financière et non financière, L’internationalisation et l’entrepreneuriat, Officialisation et inclusion sociale, seront présentés avec l’appui et le parrainage du Gouvernement de la Colombie, par le biais de l’APC, et viseront le renforcement des micro-entreprises et PME de la Région de la Grande Caraïbe. Ces projets représentent des pas concrets vers le développement et la croissance du secteur des micro-entreprises et PME, et constituent en outre des avantages concrets pour les Etats membres de la région de l’AEC.
La coopération régionale continue d’être une composante cruciale dans la construction de la civilisation durable de la Grande Caraïbe. L’âme de nombreux programmes et activités de projets de l’AEC est empreinte du concept de Coopération Sud-Sud. Les principes de la CSS continuent d’être réalisés et renforcés au profit des Etats membres et membres associés de l’Association. Comme l’organisation continue, espérons que les liens qui nous unissent soient renforcés par une coopération et une collaboration plus étroite et profonde, et des efforts concertés. .
Alberto Duran est le Directeur de Développement du commerce et des relations économiques extérieures et Kariyma Baltimore est la Conseillère de Développement du commerce et des relations économiques extérieures de l’Association des Etats de la Caraïbe. Tout commentaire ou retour d’information peuvent être adressés à feedback@acs-aec.org
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